Bonjour à tous.
Si vous devez aller faire du camping à Saint Benoit les ondes…Allez au « camping de l’île verte ». L’accueil y est souriant, le service impeccable et les clients respirent le bonheur d’être en ce lieu… et tout ceci pour un prix plus que raisonnable.

Cette journée de vélo est la dernière que nous passons avec Amandine. Elle prendra le train à Saint Malo pour rentrer sur Lyon. Raphaël est triste de voir la famille s’éclater ainsi. C’est là que son statut de dernier se fait clairement sentir. Il l’a déjà intégré sur l’année scolaire lorsque sa grande sœur est partie faire ses études à Paris… voir les vacances en famille s’amoindrir lui est difficile. C’était sa dernière tranche de vie de famille au complet. Sa parenthèse. Pourtant les tensions entre les enfants sont palpables. Surtout entre les garçons. Néanmoins, ils savent tous que ces moments sont précieux car amenés à être de plus en plus rares. Qu’il faut donc en profiter.

Ce qui est surprenant c’est de voir que seul Raphaël énonce cet éclatement. Comme s’il en avait une plus grande conscience, sans doute car il verra les autres partir avant de partir lui même. En attendant parlons d’aujourd’hui.

Amandine prendra un train à Saint Malo, dormira à Nantes chez des cousins d’amis avant de rejoindre Lyon demain soir. Il faut donc tenir compte de cette contrainte.
Nous arrivons à décoller à 11h05. Décidément, il nous faut 3h incompressibles pour lever le camp. C’est ainsi.

Admirez la belle allée à la sortie du camping.


Le temps est magnifique. Il fait même chaud. Les paysages sublimes.


Notre premier objectif et Cancale. Pascal veut manger des huîtres. Moi voir le port. Les huîtres et moi sommes fâchées depuis un buffet au sein duquel elles ne devaient pas être très fraîches. Intoxication alimentaire qui m’a rendu intolérante. J’ai retenté par deux fois et cela ne s’est vraiment pas bien passé. À Noël, j’ai réussi à manger juste le dessus sans être malade. Car les petites merveilles me font toujours autant envie. C’est tellement bon. Ce goût de noisette et de mer mélangé ; cette texture à la fois crémeuse et charnue, tout ceci n’est que délice. L’huître est une merveille de la nature. Il est sûr que le premier homme à avoir eu l’idée d’en manger devait soit être très curieux soit très affamé… soit les deux. Mais comme il a bien fait de nous ouvrir ce trésor de douceur et de saveurs. Donc j’en ai toujours envie mais l’angoisse d’être malade me retient. Surtout à vélo. Il m’est difficile de prévoir ce que seront les sanitaires du camping, le risque peut être grand… J’ai vu tellement de bien comme de l’affreux.

La piste pour aller à Cancale commence par suivre la baie en sortant de Saint Benoit les Ondes. Nous longeons les fermés d’ostréiculture et de conchyliculture. L’odeur est forte mais plaisante.

Sur la route il est même possible d’acheter des huîtres déjà ouvertes. Dans des distributeurs en libre service. C’est tellement drôle. Unique.

Très rapidement, il nous faut nous écarter du bord. La route devient bien trop fréquentée, il n’y a pas de bas côté pour nos montures. La piste propose un itinéraire provisoire qui nous envoie sur les coteaux. À nouveau des montées pour nos mollets. C’est difficile mais c’est plus raisonnable. Et cela réserve de belles surprises.

Monter cela veut dire prendre de la hauteur. Cela veut dire voir les choses du point de vue dominant. Et cela vaut souvent d’avoir dû mouliner, voir pousser sa monture à pied. Le paysage sur la baie est splendide. Le Mont Saint Michel se devine au fond de la baie. Le soleil fait briller le sable découvert par la marée basse, il fait chanter les milles couleurs de l’eau. Sur le chemin, nous voyons un engin qui permet de vraiment prendre de la hauteur. Un ULM.

Pour les 45 ans de Sébastien, nous avions fait un tour un planeur grâce à Virginie. J’avoue avoir eu très peur une fois en l’air. J’étais partagée avec une envie folle de voir, de regarder le paysage au loin, d’admirer la terre de si haut…. et une peur telle que j’ai trop rapidement demandé au pilote de nous t’amène sur le planchers des vaches. Et malgré la peur, cela me fait envie. Le rêve d’Icare est si fort, si beau. Un ULM a un moteur. Je me dis que peut être j’aurai moins peur, rassurée par l’existence d’un moteur. N’est-ce pas un autre paradoxe, moi qui n’aime me déplacer qu’à la force de mes jambes ? Décidément, nous humains sommes bien compliqués….

Revenons à la piste. Sur les coteaux il y a aussi les cultures.Du maïs bien sûr/et sans doute malheureusement car cette culture est la plus gourmande en eau- mais aussi blé. J’observe aussi des champs de culture plus locales. Des poireaux en quantités, des carottes et bien sûr du choux-fleurs. Certains champs ont leurs pieds déjà bien montés alors que d’autres viennent à peine d’être plantés. Cette différence d’avancement dans la culture permet d’observer la gestion des cultures des paysans pour permettre une récolte étalée dans le temps. La sagesse paysanne a de bonne raison d’être.
J’admire aussi les maisons. Je trouve qu’elles ressemblent beaucoup à celles de mon enfance en Auvergne. Même type de pierres, de formes de maisons. C’est surprenant et en même temps très cohérents. Ici aussi il y a des pierres volcaniques. Ici aussi il faut lutter contre le climat. Du moins à l’époque de la construction des anciennes maisons. Le vent souffle, il doit glacer les maisons. Et l’air marin amène son humidité. Les maisons sont donc très semblables car faites pour résister aux température extérieurs et offrir aux hommes un abri sur.

Nous bifurquons à nouveau vers la baie pour rejoindre le port de Cancale. La descente est enivrante, mais terrifiante lorsque l’on sait qu’il faudra la prendre dans l’autre sens après la pause déjeuner. Mes cuisses en tremblent d’avance. Le port est très fréquenté. Trop à mon goût. Et les gens viennent jusqu’en bas de cette anse en voiture pour se retrouver coincé en bas. J’avoue je suis frustrée de ne pouvoir admirer la baie sans avoir une voiture dans le cadre de ma photo. Ce n’est pas que je devienne intolérante aux voitures, c’est juste que je ne comprends plus ce mode de déplacement polluant, bruyant et dépassé pour moi. Bien sûr la voiture est utile. Pour le travail, pour faire certaines courses, pour se rendre d’un point À à un point éloignés l’un de l’autre…. Mais après, utilisons nos pieds, nos muscles, des déplacements doux. J’ai tellement peur que le petit bonhomme incapable de se sortir de son siège mobile – pour ne pas dire de son fauteuil roulant d’handicapé- que l’on voit dans le film Wall-e ne soit l’avenir de tant d’enfants. Je suis traumatisée par le nombres de personnes en situation de surpoids, hier au camping c’était édifiant. Et il est hors de question de rendre les gens coupables. Il y a un problème de fond : la nourriture mais aussi la sédentarisation. Ce que je voyais aux USA en 1990, je le vois maintenant dans les rues de France et d’Europe. Il est temps de réagir. La planète est en danger mais l’humain aussi. Mais je m’égare nouveau.

Revenons à Cancale. Le folklore est total. Les gens achètent des plateaux d’huîtres ouverts et vont les manger sur les berges du port. Les bancs des ostréiculteurs sont en bas sur le sable, la baie majestueuse devant nous, toute la cote est visible et tout au fond le Mont Saint Michel. Sentiment d’immensité et en même temps de n’être pas grand chose. Les petits et grands voiliers passent devant nous, entre les îles et la cote. Le soleil luit et se reflète dans l’eau. Depuis hier j’ai l’impression de voyager dans les tableaux de Signac, dEugène Boudin, de Monet. L’impressionnisme a su capter cette vue chatoyante et plein de lumière. Chaque point de vue, chaque regard est un émerveillement si l’on prend le temps de le saisir.
Il faut repartir et remonter la cote. Les passants nous encouragent, nous félicitent, sont ébahis un monsieur à même la gentillesse de me pousser pendant quelques mètres. Il faut dire qu’elle est sévère cette cote !!!

Une fois en haut, nous réalisons que toute la famille n’a pas pris le même chemin. Nous avons Amandine et Raphaël avec nous. Solène, Pierre-Louis et Osiris ont suivi la route de la cote. Une départementale. Pascal n’est pas très content. Rendez vous à Saint Malo. Nous suivrons la piste balisée. Enfin, balisée est un grand mot car les panneaux sont soit cache, soit minuscules, soit tout simplement absents. Une dame allemande me disait hier au camping que vraiment en France le vélo n’est pas aussi bien organisée qu’en Allemagne. Je n’ai pu qu’acquiescer à mon plus grand regret.
Nous avons dépassé la pointe et voyons maintenant la Manche. Finie la Baie du Mont Saint Michel. La mer a changé de couleur. Cette partie de la côte bretonne s’appelle à juste titre la cote d’émeraude. Elle mérite bien cette appellation. Les eaux ont mille reflet de vert. Les eaux des îles corses, voir plus loin du Pacifique n’ont pas grand chose à raconter aux eaux que nous pouvons admirer. Seule la thempérature n’est pas là même. Ça c’est certain. Et le vent aussi. Toujours le vent. Et de face pour nous. Il reste le pire ennemie du cycliste. Nous entrons dans Saint Malo par son immense plage. Cela ne donne qu’une envie se baigner. Nous retrouvons Solène et Pierre-Louis qui ont les maillots sur leurs vélos. Baignade pour 4 d’entre nous. La mer est fraîche mais pas désagréable. Sortir de l’eau est plus dur à cause de l’air frais et d’un vent qui refroidi tout le corps. C’est le moment de quitter Amandine. Elle part seule vers la gare. Nous partons de notre côté vers le camping. En passant devant la ville fortifiée nous hésitons à passer au travers. La foule nous rebute et nous sommes fatigués. Quelques photos suffiront. L’anse sur laquelle est notre camping est magique. Un bar est installé avec une vue de dingue. Le coucher de soleil est à pleurer tellement il est beau. J’espère avoir la force de me lever pour aller observer son lever demain matin.

Merci pour votre lecture.

Je vous souhaite une nuit belle et douce.

Avec amitié

Anne-Laure